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Fouday : un havre de sérénité et de bien-être

  • Lavoyageusebruchoise
  • 15 févr.
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 févr.

Niché au cœur de la vallée de la Bruche, Fouday est un charmant village alsacien dont le nom puise ses racines dans l’allemand médiéval "Urbach", signifiant « ruisseau originel ». Cette étymologie reflète l’importance vitale du cours d’eau qui traverse le village, véritable fil conducteur ayant façonné son histoire et son développement au fil des siècles.


Avec un passé riche, marqué par l’empreinte des seigneuries et un rôle central dans l’histoire du Ban de la Roche, Fouday est un lieu où résonnent les récits d’antan. Aujourd’hui, le village séduit les visiteurs par son authenticité, la beauté préservée de ses paysages vosgiens et ses activités de bien-être. C’est un véritable havre de paix pour les amoureux de nature et d’histoire.


Dans cet article, plonge dans l’histoire de Fouday, découvre ses trésors cachés et prépare-toi à explorer ses beaux sentiers de randonnée, qui t’invitent à une immersion au cœur de la Vallée de la Bruche.



L’histoire de Fouday

Fouday est un village dont l’histoire est intimement liée à celle du Ban de la Roche, une ancienne seigneurie protestante qui regroupait plusieurs villages des vallées de la Schirgoutte et de la Rothaine, tels que Waldersbach, Solbach, Belmont, Bellefosse, Rothau, Neuviller et Wildersbach.


La première mention de Fouday remonte au XIVᵉ siècle, sous le nom d’Urbach, mais son existence est attestée dès la fin du XIIᵉ siècle, comme en témoigne le clocher roman de l’église du village, typique de l’art de cette époque. À l’époque médiévale, cette église était une étape importante sur la route des pèlerins se rendant au Mont Sainte-Odile depuis la Lorraine. On y trouve encore aujourd’hui une représentation de saint Jacques datant du XVe siècle, ainsi qu’un vestige marquant : une tête en bois sculpté de saint Jean-Baptiste, liée à un pèlerinage local qui perdura jusqu’au XVIIᵉ siècle, sous l’influence du pasteur Jean Nicolas Marmet.


Au cours du XVIᵉ siècle, la région bascule dans la Réforme protestante. En 1584, Fouday adopte officiellement le protestantisme après la vente de la seigneurie du Ban de la Roche par la famille Rathsamhausen zum Stein au comte palatin Georges-Jean de Veldenz. Malgré cette conversion, les habitants restent attachés à certaines traditions catholiques, notamment la vénération de saint Jean-Baptiste.


Le village connaît son âge d’or spirituel et intellectuel au XVIIIᵉ siècle, grâce à l’influence de Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826), pasteur et pédagogue visionnaire. Installé à Waldersbach, tout proche de Fouday, il révolutionne l’éducation, l’agriculture et les conditions de vie des habitants. Son œuvre philanthropique dépasse les frontières du Ban de la Roche, faisant de Fouday un haut lieu du protestantisme et de l’innovation sociale en Alsace. Le Pasteur Oberlin repose aujourd’hui dans le cimetière attenant à l’église du village, un site empreint de mémoire et de recueillement.


Le XIXᵉ siècle marque l’arrivée des infrastructures modernes avec la construction de la route Schirmeck–Saint-Dié dès 1831, longeant la rive gauche de la Bruche et traversant le hameau de Devant-Fouday (qui appartenait alors à la commune de Plaine). Entre 1868 et 1872, la route reliant Fouday à Waldersbach et La Charbonnière est également aménagée, facilitant les échanges au sein de la vallée.


Comme de nombreux villages alsaciens, Fouday subit les bouleversements des conflits franco-allemands. Annexé par l’Allemagne après la guerre franco-prussienne de 1871, le village est renommé Breusch-Urbach jusqu’en 1918, avant de redevenir français. Il sera de nouveau occupé lors de la Seconde Guerre mondiale.


Aujourd’hui, Fouday porte fièrement les traces de ce riche passé, à travers son patrimoine architectural et naturel, témoin d’une histoire marquée par la foi, la résilience et l’attachement profond à son identité alsacienne.



Les trésors de Fouday

Fouday ne se contente pas d’être un joli village alsacien : il est aussi un lieu dynamique empreint d’histoire, de traditions. Voici trois pépites incontournables qui en font une destination unique.


Première pépite : un temple protestant à l’histoire peu conventionnelle

Au cœur du village de Fouday, le temple protestant est marqué par la transition du catholicisme au protestantisme et par l’influence des grandes figures spirituelles de la région. Ancienne église catholique dédiée à Saint-Jean-Baptiste, son architecture raconte à elle seule plusieurs siècles d’histoire, entre héritage roman et innovations du XVIIIᵉ siècle.


Le clocher roman, véritable emblème du temple, date de la fin du XIIᵉ ou du début du XIIIᵉ siècle. Modifié au XVIIIᵉ siècle, il conserve des éléments d’origine. Sa toiture, caractéristique des églises rurales de la région, confère à l’édifice une silhouette reconnaissable entre toutes. Le clocher abrite une cloche datée de 1502, l’une des plus anciennes de la vallée de la Bruche, qui résonne encore aujourd’hui comme un écho des siècles passés.


La nef actuelle, datée de 1776 (une inscription visible sur le portail ouest en témoigne), a été construite sous l’impulsion du célèbre pasteur Jean-Frédéric Oberlin. Le bâtiment médiéval étant devenu trop exigu pour accueillir les fidèles grandissants du Ban de la Roche, Oberlin a initié un chantier ambitieux, financé en grande partie par le baron de Dietrich, comte du Ban de la Roche à l’époque.


L’intérieur du temple est à la fois sobre et ingénieusement agencé. Contrairement à la disposition traditionnelle des églises, où l’attention est centrée sur le chœur, ici, la nef entière devient le cœur du culte. L’autel en grès, d’une simplicité élégante, et la chaire en chêne de style Louis XV, richement sculptée et surmontée d’un abat-voix baroque à volutes, forment le centre névralgique de l’espace. L’organisation intérieure est pensée pour favoriser la proximité entre le pasteur et les fidèles : les bancs sont disposés autour de l’autel, et une tribune en bois occupe trois côtés de l’édifice.


Cette tribune répondait à un double objectif : augmenter la capacité d’accueil de l’église et maintenir une séparation symbolique entre les hommes et les femmes lors des offices. Les hommes prenaient place en hauteur, à la même hauteur que le pasteur, tandis que les femmes s’installaient au parterre, levant les yeux vers la chaire.


Parmi les éléments remarquables, on note un imposant tableau représentant le Portement de croix, datant probablement de la seconde moitié du XIXᵉ siècle, offert par des industriels de la région. L’orgue, installé en 1890 par Franz-Xaver Kriess, facteur d’orgues à Molsheim, est un autre trésor : bien que postérieur à l’époque d’Oberlin, il s’intègre harmonieusement à l’ensemble, avec son buffet néo-Renaissance et sa console indépendante.


Le temple conserve également des vestiges du chœur médiéval, voûté d’ogives, où subsistent des peintures murales des XIVᵉ, XVᵉ et XVIᵉ siècles, représentant les quatre évangélistes. Bien que ces fresques aient été altérées lors de restaurations maladroites au début du XXᵉ siècle, elles offrent encore un aperçu de la richesse artistique du passé. On y trouve aussi une armoire eucharistique gothique flamboyant du XVe siècle, ornée des armoiries de la famille de Rathsamhausen zum Stein, seigneurs du Ban de la Roche.


À l’extérieur, dans le petit cimetière attenant au temple, repose Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826), sous une modeste croix souvent fleurie. À ses côtés, la tombe de Louise Scheppler, son fidèle bras droit dans ses missions éducatives et sociales, témoigne de l’engagement profond de ces deux figures pour le bien-être des habitants de la vallée.


Aujourd’hui, le temple protestant de Fouday est bien plus qu’un lieu de culte : c’est un véritable livre d’histoire, où chaque pierre, chaque détail architectural, raconte l’évolution spirituelle, sociale et culturelle du joli village.


Deuxième pépite : l’hôtel-restaurant Chez Julien

Impossible de parler de Fouday sans évoquer l’hôtel-restaurant Chez Julien, une véritable institution alsacienne où l’art de vivre se transmet de génération en génération. Ce qui était à l’origine un modeste relais routier, fondé dans les années 1960 par Julien et Yvette Goetz, est devenu aujourd’hui un complexe hôtelier de 14 000 m², abritant un magnifique spa, deux belles piscines, un restaurant gastronomique et un café convivial, tout en conservant son esprit familial et convivial.


Tout commence au bord d’une simple route nationale bordée de sapins, où Julien et Yvette Goetz ouvrent un petit restaurant accueillant des routiers et des voyageurs en quête d’un bon repas chaud. Rapidement, quelques chambres s’ajoutent à l’établissement, attirant des clients fidèles. La convivialité et la générosité étaient déjà les maîtres mots de l’accueil chez Julien.


Après la disparition de Julien Goetz, son fils Gérard revient épauler sa mère. Aux côtés de son épouse Marylène, il transforme l’auberge familiale en un restaurant gastronomique. Le couple, animé par la passion de l’hospitalité, agrandit l’établissement tout en préservant l’âme des débuts. Aujourd’hui, leurs filles, Hélène et Eléonore - que j’ai eu la chance de côtoyer durant mes années collège et qui vraiment très sympa, ont repris le flambeau, perpétuant l’héritage familial. Ce qui fait la force de Chez Julien, c’est cette capacité à grandir sans jamais perdre son authenticité.


Le restaurant est une véritable ode à la gastronomie alsacienne, où des plats généreux et authentiques sont sublimés par des chefs talentueux. Ce havre de paix est une véritable invitation à la détente, avec des installations de qualité : piscines intérieure et extérieure chauffée, hammams, bain turc, sauna panoramique, jacuzzis, grotte de sel et espaces de repos offrant une vue apaisante sur les montagnes. En partenariat avec l’Office du Tourisme, l’offre "Bulle de Nature" propose une journée d’évasion alliant randonnée, déjeuner gourmand et après-midi de relaxation au spa, pour une expérience de bien-être en parfaite harmonie avec la nature environnante. Pour en bénéficier, n’hésite pas à contacter l’Office du Tourisme.


Chez Julien est un lieu idéal pour se ressourcer, mais surtout pour retrouver un peu de cette chaleur humaine si rare ailleurs.


Troisième pépite : le viaduc ferroviaire de Fouday

Parmi les trésors de Fouday, le viaduc ferroviaire est un ouvrage remarquable qui témoigne à la fois du génie technique et de l’histoire mouvementée de la vallée de la Bruche. Dominant discrètement le paysage, ce pont majestueux en pierre et en béton, avec ses arches en quinconce s’élevant à 17 mètres de hauteur, relie bien plus que les rives de la Bruche : il fait le lien entre deux époques, entre le Fouday d’hier et celui d’aujourd’hui.


Initialement, la ligne de chemin de fer Rothau-Saales suivait un tracé presque rectiligne, parallèle à la route, avec une petite gare située sur la rive gauche de la Bruche, à l’endroit même où se trouve aujourd’hui le parking extérieur de l’hôtel-restaurant Chez Julien. Cet emplacement abritait autrefois le restaurant Zum Bahnhof, clin d’œil à l’activité ferroviaire de l’époque.


Dans les années 1920, pour permettre à des rames plus lourdes de remonter la vallée, des travaux d’envergure sont entrepris. Le tracé de la voie est modifié : la ligne, désormais à voie unique, passe sur la rive droite de la Bruche au niveau de Fouday et de Devant-Fouday. C’est à ce moment-là que le viaduc est construit, un ouvrage imposant de plus de 200 mètres de long, créant un contraste élégant dans le paysage.


Ce viaduc n’a pas échappé aux vicissitudes de l’histoire : partiellement dynamité par l’armée française en 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale, il est rapidement réparé par une entreprise allemande, qui veille à préserver son esthétique d’origine en utilisant les mêmes matériaux. Aujourd’hui, il continue d’accueillir les trains de la ligne TER Alsace Strasbourg – Saint-Dié-des-Vosges, inaugurée en 1928 par Raymond Poincaré et André Tardieu.



Deux balades incontournables autour de Fouday

Fouday est un véritable paradis pour les amateurs de randonnée, offrant des itinéraires permettent de profiter pleinement du paysages.


Circuit C02 : Le sentier Oberlin

Parmi les sentiers incontournables, "Le sentier Oberlin" est une immersion dans l’univers de Jean-Frédéric Oberlin, pasteur et pédagogue emblématique du Ban de la Roche. Ce parcours de 5 km, accessible à tous, invite à une balade culturelle à travers prairies fleuries et sous-bois apaisants, ponctuée de panneaux explicatifs retraçant l’œuvre d’Oberlin et son impact sur la région. En deux heures de marche tranquille, ce sentier dévoile à la fois la richesse naturelle de la vallée et l’héritage d’un homme qui a profondément marqué l’histoire locale.


Les Hauts du Ban de la Roche

Pour les randonneurs en quête de panoramas plus vastes, le circuit Les Hauts du Ban de la Roche est une aventure de 10 km à travers crêtes, forêts de sapins et vallons verdoyants. Ce parcours de niveau intermédiaire offre des points de vue spectaculaires sur la vallée de la Bruche et permet de découvrir d’anciens vestiges et bornes, témoins silencieux des frontières d’autrefois. Environ 3h30 de marche sont nécessaires pour parcourir ces paysages d’une beauté saisissante, où l’histoire se mêle harmonieusement à la nature.



Fouday est un beau village niché au cœur de la vallée de la Bruche. C’est un lieu où l’histoire s’inscrit à fil des rues, où la nature offre des paysages d’une beauté saisissante, et où l’accueil chaleureux des habitants rappelle l’âme authentique de l’Alsace. Entre son passé marqué par la Seigneurie du Ban de la Roche, son temple protestant riche d’histoires, son hôtel-restaurant emblématique Chez Julien, et son viaduc ferroviaire imposant, Fouday dévoile un patrimoine vivant, façonné par les siècles et les hommes qui l’ont traversé.


Que tu sois passionné(e) d’histoire ou amateur de randonnées, Fouday t’invite à ralentir, à découvrir, à contempler. Ici, chaque balade devient une immersion dans un territoire où la nature et la mémoire se rencontrent. Prépare tes chaussures de marche, laisse-toi porter par la quiétude des paysages vosgiens et pars à la découverte de ce village unique, où l’authenticité est le plus beau des trésors.


[Mise à jour : Février 2025]

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