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Visiter la synagogue de Schirmeck !

Dernière mise à jour : 20 avr. 2023

Il y a quelques mois, j’ai visité, pour la première fois, l’ancienne synagogue de Schirmeck. Bien qu’elle ne soit plus “en activité” aujourd’hui, elle reste un témoignage poignant de la présence de la communauté juive de la Vallée de la Bruche, qui a subi les affres de la Seconde Guerre Mondiale.


L’architecture de la synagogue de Schirmeck ne ressemble à aucune autre en France et son histoire s’écrit encore, aujourd’hui, au XXIe siècle puisque la Torah d’origine, qui se trouvait alors en Israël, a retrouvé sa place le 4 septembre 2022.


Source : www.monumentum.fr

Dans cet article, je t’invite à découvrir ce petit bijou qui fait la fierté des habitants de la Vallée de la Bruche mais aussi à soutenir l’action de l’association “les amis de la synagogue de Schirmeck”.


L’histoire de la synagogue de Schirmeck

A la fin du XVIIIe siècle, plus de la moitié de la population juive de France vit en Alsace et en Lorraine. Cette population est principalement rurale puisqu'en Alsace les villes étaient interdites aux Juifs jusqu'à la Révolution.


En 1880, la famille Simonin est la première famille de confession juive à s’installer au cœur de la Vallée de la Bruche. Plus tard, le patriarche de la famille, Camille Simonin sera maire de Schirmeck, conseiller général puis député du Bas-Rhin de 1919 à 1924.


Au début du XXe siècle, la communauté israélite de Schirmeck disposait d’un lieu de culte de fortune. A cette période de l’Histoire, l’Alsace était allemande. De fait, pour lui permettre de se recueillir plus confortablement, le 1er septembre 1907, le Kaiser Guillaume II accorda 7000 marks de subvention pour la construction d’un édifice. Camille Simonin proposa un terrain personnel et la synagogue de Schirmeck fut achevée en 1909 sur les plans des architectes strasbourgeois, David Falk et Emile Wolf.


Jusqu’en 1940, la communauté israélite fréquentait assidument la synagogue mais, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, elle décroit considérablement. En 1978, la synagogue de Schirmeck ne reçoit plus que les enfants de la colonie de vacances Henry Lévy.


Malheureusement, elle fut laissée à l’abandon au début des années 1980.


176 synagogues ont été bâti en Alsace et en Lorraine entre 1791 et 1914. Seule, la moitié d'entre elles subsiste de nos jours. C’est une chance d’en trouver une à Schirmeck !


Source : France Bleu

Une architecture hors du commun

Comme il est d’usage en Alsace, la synagogue de Schirmeck est construite en grès des Vosges. Sa toiture est couverte de tuiles plates. Deux Tables de la Loi sont visibles sur la façade du bâtiment.


A l’instar des autres synagogues bâties à partir de 1860, le bâtiment est construit selon un plan basilical. C’est ce qui rend la synagogue de Schirmeck si atypique ! Elle est protégée par une clôture en pierre de taille et en fer forgé, au niveau de la rue.


A l’intérieur, l’officiant se plaçait à l’est de la pièce, face à l’Arche Sainte, aménagée dans le mur oriental qui abritait les rouleaux de la Torah. Le vestibule donnait accès à une salle de prière, ainsi qu'à un escalier menant à une petite tribune, conçue pour accueillir un chœur et probablement un orgue, signe de la pratique d’un judaïsme libéral puisque les instruments de musique sont exclus de la pratique des juifs conservateurs.


Habituellement, dans une synagogue, les hommes et les femmes sont séparés pour éviter tout contact physique ou verbal au moment de la prière. Pour en comprendre la raison, il faut revenir aux origines de l’Histoire juive. Après la destruction du premier temple de Jérusalem par Nabuchodonosor II et ses armées en 586 av. J.-C, un second temple est construit mais la foi de la population fut altérée. Le temple devient un lieu de fêtes grandioses, ce qui encouragea les rapprochements entre les hommes et les femmes. Ce comportement fut jugé indigne du lieu de culte. Une réflexion sur la séparation des deux sexes fut engagée et il fut décidé de placer les hommes au milieu de la synagogue et les femmes sur des balcons.


Mais, la synagogue de Schirmeck semble déroger à la règle puisque les femmes ne sont pas placées sur des balcons mais sur les côtés. La hauteur de la séparation d’1m50 fut considérée comme suffisante par les rabbins.


Source : Priscilia Kraushar, 2016

La restauration de la synagogue de Schirmeck

Juste avant la Seconde Guerre Mondiale, la communauté juive de la Vallée de la Bruche pris soin de sauver un maximum d’objets sacrés. Heureusement, car durant le conflit opposant la France à l’Allemagne, la synagogue de Schirmeck fut utilisée comme écurie par les Nazis.


A la fin de la guerre, elle a été restaurée pour accueillir à nouveau les fidèles. Malgré cette rénovation, la synagogue se dégrade, à nouveau, car sa toiture n’est pas adaptée aux intempéries. Des infiltrations fragilisent la charpente. La synagogue est fermée au public par sécurité.


Le 6 décembre 1999, la synagogue de Schirmeck est officiellement inscrite au patrimoine des monuments historiques.


Le 21 mai 2004, un arrêté préfectoral indique que la synagogue de Schirmeck cesse d’être affectée au culte et qu’elle est achetée par la commune au prix de 1 € symbolique. Elle prend désormais une dimension culturelle !


En 2007, une restauration complète des toitures et façades, incluant les vitraux, eut lieu. Les travaux entrepris s'élevèrent à 161 400 € dont 56 000 € sont issus de subventions diverses.

En 2016, sous l’impulsion de Jacky Ruch, premier adjoint à Schirmeck, l’association des amis de la synagogue de Schirmeck est créée.


Source : Priscilia Kraushar, 2016

Le 4 septembre 2022 fut une grande journée : la synagogue de Schirmeck retrouva sa Torah d’origine. Durant la Seconde Guerre Mondiale, Ernest Bohn sauve courageusement le précieux trésor en profitant de l’inattention des nazis occupés par une soirée bien arrosée. En 1945, il la remet au rabbin Isaac Rouche, alors aumônier des troupes françaises stationnées au Maroc. Ce dernier emporte la Torah avec lui au Maroc où il fonda l'Ecole Normale de Casablanca, en Suisse et enfin à Jérusalem, lorsqu’il pris sa retraite en 1978. Son gendre, Jacques Assouline, installé à Jérusalem, rencontra des visiteurs alsaciens. Au fil de la discussion, la ville de Schirmeck fut évoquée puis l’histoire de la synagogue. A cet instant, Jacques Assouline promit de ramener la Torah à Schirmeck. Après 77 ans, la synagogue semble retrouver son âme !


Henri Lehmann, responsable de la synagogue de Schirmeck, a dit : “Je suis le dernier juif à Schirmeck et c'est triste d'être le dernier. Mais tous les samedis je vais à la synagogue ouvrir les portes et j'attends. Je sais que personne ne viendra, car je suis le dernier, mais j'ouvre néanmoins, on ne sait jamais. Et quand le temps est passé je referme les portes ; mais, il faut que je te dise, avant de tout clore, j'adresse quand même une prière au Seigneur - que son Nom soit béni - pour le remercier que ce soit moi qui suis le dernier, cela pourrait être un autre.» Peu importe qui nous écoute là-haut, cher Henri Lehmann, votre prière semble avoir été exaucé !


Source : Priscilia Kraushar, 2016

Au courant de l’année, des visites sont régulièrement organisées à la synagogue de Schirmeck. Pour connaitre les dates, je te conseille de consulter le site de l’Office du Tourisme ou sur la page Facebook des amis de la Synagogue de Schirmeck.


🗨️ Et toi, as-tu déjà visité la synagogue de Schirmeck ?

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