Tout comme l’année dernière, je me suis fixée un objectif personnel pour cet été : poursuivre l’exploration de ma belle Vallée de la Bruche ! J’y vis depuis presque 40 ans et j’ai la sensation de si mal la connaître.
Située entre Lutzelhouse et Saales, la Vallée de la Bruche offre une nature préservée et des paysages magnifiques. Elle s’est vue décernée la belle distinction de “Capitale de la Biodiversité 2022” et elle devient une destination touristique prisée des amoureux de la nature, à la recherche d’authenticité. La Vallée de la Bruche a aussi été le théâtre d’événements historiques malheureux comme la Guerre de Trente Ans ou la Seconde Guerre Mondiale. Et pourtant, elle a toujours réussi à se reconstruire grâce à ses ressources naturelles et à ses industries.
Aujourd’hui, c’est l’endroit idéal pour te ressourcer sur l’un des nombreux sentiers de randonnée qui t’emmènent à la découverte des forêts luxuriantes, des prairies fleuries ou des paysages enneigés à couper le souffle. D’ailleurs, en toutes saisons, ses nombreux petits villages typiques des Vosges ajoute à son charme et la gentillesse de ses habitants finira par te conquérir définitivement !
La Vallée de la Bruche est ma terre natale et je suis convaincue que l’on n’est pas déposé sur Terre au hasard. Dans ce nouvel article, j’ai envie de te conter son histoire pour t’inviter à venir à ma rencontre dans cet endroit magique !
Une histoire fascinante
La mention la plus ancienne de présence humaine dans la Vallée de la Bruche remonte à 826 alors qu’un prieuré aurait été fondé à La Broque, plus précisément à Vipucelle. Au Moyen-Age, la Vallée de la Bruche fut divisée en plusieurs seigneuries. Pour faire simple, les villages situés sur la rive droite de la Bruche appartenaient à l’évêché de Strasbourg avant d’être cédés à la Seigneurie du Ban de la Roche. Les villages situés sur la rive gauche, de Grandfontaine à Plaine, étaient administrés par l’Abbaye de Senones avant d’être confiés aux Princes de Salm. Les villages situés dans le haut de la Vallée dépendaient, quant à eux, de la seigneurie du val de Villé.
A l’époque de la Renaissance, la Vallée de la Bruche a connu un essor économique important grâce à l'exploitation de ses forêts et de ses mines. Les habitants se sont spécialisés dans le travail du bois et la production de fer, ce qui a permis le développement de l'artisanat local. Les produits manufacturés étaient exportés vers d'autres régions de France ou d'Europe, contribuant ainsi au rayonnement de la Vallée de la Bruche. Cependant, cette période de prospérité a également été marquée par des guerres et des conflits, notamment la Guerre de Trente Ans, qui a ravagé la région de 1618 à 1648. Les châteaux médiévaux comme le château du Ban de la Roche ou le château de Salm mais aussi l’ensemble des villages ont été pillés, voire complétement détruits. Les habitants ont souffert de la famine et de la maladie. L'économie de la Vallée de la Bruche a été gravement affectée mais la solidarité de ses habitants lui a permis de ne pas sombrer.
La guerre de 1870 a entraîné l'annexion des cantons de Schirmeck et de Saales à l'Empire allemand jusqu'en 1918. La Grande Guerre (1914-1918) a également eu un impact dévastateur sur la vallée de la Bruche. La bataille du Petit Donon, qui a eu lieu en août 1914, en est le stigmate le plus visible de nos jours. Mais, c’est durant la Seconde Guerre Mondiale que la Vallée de la Bruche a connu sa plus sombre période : les Nazis ont créé le camp de concentration de Natzweiler-Struthof en 1941, près du village de Natzwiller. De nombreux déportés y ont perdu la vie au nom de la liberté. Un camp de transit a également été établi à Schirmeck : il s’agit du camp de Vorbruck-Schirmeck. Pour découvrir plus en détail l’impact de la Seconde Guerre Mondiale sur la Vallée de la Bruche, je te conseille de découvrir l’article que j’ai rédigé sur ce sujet intitulé “Seconde Guerre Mondiale en terre bruchoise”.
De nos jours, la Vallée de la Bruche reste un modèle de résilience. Ses habitants perpétuent le devoir de mémoire tout en ayant à cœur de donner une nouvelle dynamique au territoire. Elle est devenue une destination touristique populaire pour les amoureux de la nature. En effet, élus et habitants de la Vallée de la Bruche s’attachent à valoriser le patrimoine naturel et à préserver la biodiversité pour en faire un cadre de vie idyllique. Ils n’hésitent pas à partager leurs expériences avec ceux qui ont envie d’adopter un mode de vie plus “slow” et à donner vie à notre slogan : “l’accueil est dans notre Nature”. C’est dans ce contexte, qu’il y a plus de 30 ans, la fabuleuse équipe de l’Office du Tourisme à développer un programme unique, désormais exporté dans d’autres coins de France : les “Sentiers Plaisir”.
Une animation unique … et gratuite !
Depuis 35 ans, ce programme, unique en son genre, te permet de découvrir les richesses naturelles et culturelles de la Vallée de la Bruche. Cette année encore, ce sont 55 bénévoles qui proposent plus d’une centaine de randonnées, au fil de l’été.
Accompagné d'un (ou plusieurs) guide(s) passionné(s), tu pourras explorer des lieux insolites et admirer des paysages à couper le souffle mais aussi apprendre des anecdotes surprenantes sur l'histoire captivante de la Vallée de la Bruche et de ses habitants. Les secrets les mieux gardés de la région te seront peut-être révélés !
Le programme “Sentiers Plaisir” est conçu pour s’adapter à tous et il s’articule autour de 5 thématiques : bien-être, éco-rando, famille, nature et patrimoine. Durant quelques heures, tu peux t’abandonner à la magie de cet écrin de verdure et profiter d’un moment hors du temps. Et cerise sur le gâteau, les randonnées sont proposées gratuitement. Il te suffit de te rendre au point de rendez-vous.
Depuis 4 ans, j’ai pris part à l’aventure avec mon amie Audrey. Cette année, le 7 juillet et le 1er septembre, nous te proposons de “Libérer ta lumière” grâce à une pause "slow life" pour prendre soin de toi. Au fil de la balade, nous proposerons des arrêts thématiques, en pleine nature, avec des exercices pratiques et une méditation inédite pour (ré)apprendre à t'écouter ... vraiment !
Et, cette année, j’ai aussi prévu de participer à une plusieurs “Sentiers plaisir”, pour découvrir mon territoire et partir à la rencontre de nouvelles personnes. C’est toujours un pur bonheur d’échanger avec les autres animateurs mais aussi avec les randonneurs du jour.
D’ailleurs, l’une des randonnées qui m’a le plus marqué est “Framont-Grandfontaine, la ruée vers le fer”. Evidemment, en tant qu’amatrice d’histoire, j’ai adoré et je ne peux que te recommander de le découvrir à ton tour cette année !
Redécouvrir les mines de Grandfontaine
Les mines de Grandfontaine témoignent de l’incroyable épopée minière de la Vallée de la Bruche et de son importance dans le développement économique de la région. Pendant plus de 600 ans, le site fut le plus important gisement de fer du massif vosgien.
Découvertes en 1260 à Framont, les mines de fer de Grandfontaine firent la fortune des Princes de Salm qui les exploitèrent, du XIIe siècle au XVIIIe siècle. Mais bien plus que les mines, ce sont les gigantesques forges du Framont qui ont assurées la prospérité du territoire et lui ont permis de rayonner dans toute l'Europe. D’ailleurs, en 1720, elles furent en charge de fournir le matériel nécessaire pour la construction du château du Duc Léopold de Lorraine à Lunéville.
En 1830, sous l’impulsion de l’industriel Louis Champy, le laminoir du Framont fut construit pour abriter des machines, appelés laminoirs. Elles furent destinées à fabriquer des tôles et barres de fer à partir du minerai, extrait de la mine. C’est à cette époque, que le village de Grandfontaine a connu son plus haut pic démographique puisqu’on a recensé 1 708 habitants en 1836.
Dans les années 1850, le bâtiment des sels de soude fut construit, juste à côté du laminoir, avec l’objectif de diversifier l’activité en investissant dans la fabrication de produits chimiques, à partir d’un autre minerai, la pyrite. Malheureusement, cette fois, le succès n’est pas au rendez-vous !
L’appauvrissement des filons et la qualité aléatoire du fer mirent fin à plus de 6 siècles d’exploitation. La Société des Forges de Framont fut dissoute en 1863. Les bâtiments ont été reconvertis en une quincaillerie puis une fabrique de verres de montres et enfin une fabrique de pâte à bois. Au XXème siècle, ils ont accueilli le musée de la 2CV.
A partir de 1981, suite à un réaménagement, les visiteurs pouvaient découvrir près de 800 m de galeries, travaillées à l'explosif. Les grandes cavités inférieures permettaient de se rendre compte de l'énorme quantité de minerai extrait. En effet, les mines étaient aussi profondes qu’un immeuble de 6 étages !
A ce jour, de ce gigantesque site minier, il ne subsiste quasiment plus rien. Le château de Vacquenoux mais aussi les ateliers des forges ont été complétement détruits et les entrées de mines se sont éboulées. De fait, pour des raisons de sécurité, il n’est plus possible de les visiter.
Plus récemment, la maison du Maître des forges Champy, globalement conservée dans son état d'origine, a été reconvertie en brasserie artisanale. D’ailleurs, je te conseille d’aller rendre visite à Jean-Yves Salmon pour découvrir la brasserie du Framont et goûter ses incroyables bières.
La randonnée “Framont-Grandfontaine, la ruée vers le fer” proposée dans le cadre du programme “Sentiers Plaisirs”, permet de découvrir l'histoire de l'exploitation minière dans la Vallée de la Bruche mais aussi les vestiges des mines de Grandfontaine comme les entrées ou l’emplacement des puits d’extraction.
Au cours de cette randonnée menée par des guides passionnés, tu pourras appréhender les différentes étapes de l'extraction du minerai de fer, depuis la recherche des filons jusqu'à la transformation du minerai en métal. Tu pourras également découvrir la vie des mineurs, leur travail quotidien et les outils qu'ils utilisaient.
Ne manque pas cette occasion unique de découvrir un site exceptionnel au cœur de la Vallée de la Bruche.
🗨️ Connais-tu le programme “Sentiers plaisir” ?
Mise à jour : 09.06.2024